mercredi 6 février 2019

Le weekly planet #91

Nous sommes le 6 février 2019 et le Weekly Planet est de retour après une longue absence! Je crois que je n'atteindrai jamais le numéro 2019, mais tant pis, l'important c'est de participer n'est-ce pas?

Je me suis nourrie de tant de choses depuis le dernier numéro! De nourritures terrestres, viticoles et spirituelles, de podcasts radiophoniques, de séries plus ou moins réussies, mais aussi de nourritures industrielles comme les ferrero rochers... Je sais, c'est mal.
Toutefois, c'est aussi là que se situe toute ma contradiction: je peux m'abrutir des heures durant sur les internets, à regarder des vêtements ou des chaussures... Et puis d'un coup me prend l'envie de me plonger dans un roman de John Fante ou de son fils, Dan... Je suis bel et bien une "enfant" de mon époque.

D'ailleurs, je ne sais pas si ça craint ou pas, mais je me reconnais un peu dans chacun de ces deux auteurs. Enfin, dans certains de leur travers, mais surtout dans leur immense sensibilité et la colère qui l'accompagne.

Ça c'est John:

Et là, son fiston, Dan:
  

Voilà, ces deux-là ont été mon gros crush littéraire de l'année 2018, et ils m'accompagneront longtemps...
J'ai particulièrement été touchée par "Demande à la Poussière", "Les compagnons de la grappe"  et "Bandini" de John Fante. Du côté de Dan, bien sûr, "Rien dans les poches", car il y emprunte le chemin de son père, avec douleur et grâce aussi parfois. Et j'ai bien rigolé avec "Limousines blanches et blondes platines".

Si tout cela vous intrigue, vous pouvez commencer par écouter cette émission qui est consacrée à "Bandini" de John Fante, avec Guillaume Gallienne à la lecture.





Il est vrai que j'aime bien rendre des hommages sur le Weekly Planet. Faire des dédicaces aussi. Me moquer, un peu, parfois. Alors, allons faire un tour du côté de ma corde sensible reliée à la chanson française.
Vous n'avez pas pu passer à côté de la disparition de Michel Legrand le 26 janvier dernier. Effectivement, peut-être n'a-t-il pas eu de son vivant la reconnaissance qu'il méritait, comme cela a pu être débattu. En plus d'être un auteur-compositeur extraordinaire, il était aussi un magnifique interprète (de ses propres chansons). Et voilà, le mec, il te démontre sa maîtrise et tu ne peux que t'incliner. 

A l'instar de son ami Claude Nougaro, dans cette vidéo:


J'avais déjà partagé plusieurs fois sur facebook le titre "Alcatraz" que je ne me lasse pas d'écouter et que je trouve extrêmement beau.



Et toujours ces superbes lunettes.







La chanson française, il n'y a pas que les Français qui l'aiment. J'ai particulièrement apprécié la série "SHARP OBJECTS" de Jean-Marc Vallée. Pour tout un tas de raisons : le côté "enfer et damnation" à la "True Detective" (saison 1), le parti pris de montrer une femme qui souffre, s'abîme mais tient debout (Amy Adams), le rapport au corps et l'aliénation que génère l'injonction de la "féminité" et de la séduction censée l'accompagner... 


C'est le personnage du beau-père de Camille (jouée par Amy Adams) qui est fasciné par la musique et plus particulièrement la chanson française. Il possède d'ailleurs, en bon aristocrate mélomane, un système-son évalué à près de 100 000 euros! (source: https://biiinge.konbini.com/series/chaine-hifi-sharp-objects-need/).


Et devinez ce qu'il écoute entre autres? "Les moulins de mon coeur" de Michel Legrand et "Les parapluies de Cherbourg" interprété par Nana Mouskouri. 


La boucle Michel Legrand est bouclée.





En revanche, je n'ai pas dit mon dernier mot pour ce qui concerne l'aliénation que génère l'injonction de la "féminité" et de la séduction censée l'accompagner... J'ai continué d'écouter "La Poudre", ma Bible je peux le dire, j'ai aussi lu Mona Chollet, "Beauté Fatale", je commence à comprendre mais c'est dur. Dur de sortir de ces automatismes qui sont le fruit d'un conditionnement culturel. Sortir de cette crainte de ne pas être assez belle, bien habillée, intéressante, pertinente, vive, autoritaire, claire, déterminée, convaincante, mince, crédible, digne... Toute cette pression que je peux me mettre. Et je sais que parce que je suis une femme, je dois y mettre deux fois plus d'énergie. 
Voilà, en 2019, j'aimerais ne pas me sentir mal d'être habillée n'importe comment, de mauvaise humeur, saoule, lourde, sombre, jalouse et ne pas avoir à me justifier!

Exister pour autre chose que pour mon enveloppe. 





Cela ne m'empêche pas de continuer d'aimer le beau, bien entendu. Mais je souhaite arriver à le chercher désormais ailleurs que sur des écrans et du papier glacé. Je continuerai de rêver, à l'instar de Michel Legrand et Claude Nougaro, sur l'écran noir de mes nuits blanches.

A bientôt pour un prochain numéro!