Hier soir j'ai écouté de la musique particulièrement fort. J'ai ressenti le besoin d'aller écouter de "vieux" trucs, d'aller fouiller dans mon i-tunes, que je n'avais pas ouvert depuis 2016, vous vous rendez compte? C'est la faute de Youtube et Spotify, ça.
Voilà, est-ce que maintenant mes préoccupations ne vont plus tourner qu'autour de ça? Le temps qui passe? Je vous avais dit que je l'écrirais, ce 100ème numéro du Weekly Planet, je ne suis pas loin hein?
J'avais 27 ans à l'âge du #1. J'ai bientôt 37 ans à l'âge du #94.
A mesure que les années passent, et que les Weekly Planet s'additionnent, je ne peux m'empêcher de maintenir éveillés tous ces souvenirs. De m'y replonger de temps à autre.
Les GAFA l'ont bien compris, avec leurs algorithmes et leurs archives Instagram, ils m'ont ferrée, ils ont ferré les gens comme moi, les "nostalgiques". Mais nous, on n'écoute pas la fameuse radio. Non. Nous, on se fabrique la nôtre.
Le chanteur et géologue IDIR est mort le 2 mai 2020. Sa disparition n'a pas fait les gros titres, coincée entre la pandémie et la mort de Christophe, de Bill Withers et de Manu Dibango. Il a été inhumé au cimetière du Père-Lachaise.
Et avec lui, sont partis des fragments de souvenirs de la jeune vie de couple de mes parents, alors qu'ils s'étaient installés quelques mois en Algérie, au début des années 80.
A l'annonce de sa mort, ma mère, a écrit un texte en hommage à Idir que j'ai trouvé très beau.
"Dans tes bras de guitare, A Vava Inouva, dans les hanches, dans la danse du ventre,
ta musique m’a faite, bien des fois, me sentir Berbère peut être parce que je suis Catalane,
de la langue opprimée.
J’ai humé tes terres au loin depuis Zemmouri où nous habitions et le vendredi venu, nous foulions tes sentiers, tes montagnes traversées de somptueuses Kabyles au pied du Djurdjura qui inspirait le soir le souffle des étoiles.
C'était les années 80, tu étais à Paris, la Kabylie était belle.
Je l’aimais profondément avec ses gens, ses sons, ses couleurs, ses artistes, ses enfants.
C’était ma cerise sur le gâteau du dimanche.
Elle marquera à jamais ma vie..."
Pas évident d'enchaîner après ça.
Rares sont ceux qui font le chemin en sens inverse, de la France vers l'Algérie. Mon père est né en France, de parents Algériens. Vers ses 20 ans, il a souhaité tenter l'expérience d'y vivre quelques temps, comme je vous le disais précédemment. Le retour en France de mes parents (une Franco-Catalane et un Algéro-Catalan) a été accéléré par la perspective de ma venue au monde.
Et voici une traduction approximative (merci l'Internet) du refrain du morceau de Rim-K et Reda Taliani:
"O bateau, mon amour
Fais-moi sortir de la misère
Dans mon pays, je suis opprimé
Je suis fatigué et j’en ai marre
Je ne raterai pas l’occasion
Dans mon esprit, ça fait longtemps
Elle (l’émigration) m’a fait oublier qui je suis
Je travaille pour elle [pour pouvoir émigrer] jour et nuit"
Loin d'avoir affaibli la connerie ambiante et les inégalités, la pandémie liée au Covid-19 n'a pas non plus arrêté le ballet des canots de fortune dans la mer Méditerranée. La quête d'une "vie meilleure" est bien plus partagée en ce bas monde, que les microgoutelettes.
Je ne veux plus jamais que l'on me vole le printemps, comme on m'a volé le printemps 2020. Nous sommes le samedi 16 mai et j'ai l'impression que nous sommes le 16 mars.
Cela fait deux mois que je tourne en rond, en long, en large et en travers.
Je ne veux plus jamais que l'on me vole le printemps, comme on m'a volé le printemps 2020. Nous sommes le samedi 16 mai et j'ai l'impression que nous sommes le 16 mars.
Cela fait deux mois que je tourne en rond, en long, en large et en travers.
Moi qui au début trouvais reposant de ne plus voir "les gens", j'angoisse désormais à l'idée que je ne pourrai plus jamais être insouciante, boire dans le verre de mes ami.e.s, leur parler tout près, les prendre en photo tout près et goûter leurs plats.
J'me sens comme ce toutou.
L'extérieur est devenu menaçant, alors qu'auparavant, l'extérieur me faisait me sentir vivante.
Ainsi, les mots "masques", "gestes barrières", "solution hydoralcoolique" ont remplacé les mots "soleil et odeur du chèvrefeuille/de la rôtisserie" (les odeurs typiques des Arceaux à Montpellier), "panaché et jus de tomate", "carignan/mourvèdre/syrah", "sentir le vent dans le nez et la bouche", "odeurs de transpiration dans un concert bondé"...
Et vous ce serait quoi votre bilan de ces deux derniers mois? Vous avez fait comme Zidane et Christina Milian? Du sport et de la cuisine? Ou les deux en même temps?
(A l'instar de cette pub avec Amel Bent dont j'avais parlé dans le Weekly Planet #90 ces photos de Christina Milian sont apparues dans mon fil d'actualité sans que je n'ai rien demandé. Encore ces foutus algorithmes?)
Zinedine "Zizou" Zidane par contre, je suis abonnée à son compte Instagram. C'est pour le Weekly.
L'une de mes découvertes réjouissantes de cette période si particulière, où la répétition des expressions "prenez soin de vous" et "sauvez des vies" a provoqué en moi des envies de meurtre, (ceci dit, ça m'a changé du "je reviens vers vous" (ah bon? mais tu étais parti.e où?) et "au jour d'aujourd'hui"), c'est la newsletter "Confiné.e.s" du magazine Society. Pertinente, allant à l'essentiel, ouvrant plein de petites fenêtres dans mon cerveau confiné.
La newsletter ne s'est pas arrêtée avec le déconfinement, désormais elle est hebdomadaire, et toujours aussi bien exécutée.
On sait déjà quel sera le tube de l'été 2020.
J'espère que vous appréciez toujours ces voyages sur ma planète.
Et que la lecture du Weekly vous fait du bien au moral.
Je m'en retourne écouter ma playlist du temps passé.
A très très vite. Et prenez garde au défilé des algorithmes!