jeudi 11 décembre 2008

Broken beats

photo: Maxime Raimond Bench
Il y a un journaliste chez Télérama que j'aime particulièrement, le chef du service musique. Il a un style unique, et surtout une façon intelligente de parler de musique justement: Hugo Cassavetti. Trop la classe un nom pareil. Dans le numéro 3073 sorti le 3 décembre, il a écrit un article intitulé "Changeons de disques" qui fait un constat pitoyable sur l'état de nos goûts en matière de musique. Le topo: beaucoup d'artistes qu'on défendait à une époque, ou qu'on estimait atypiques, underground, inécoutables par la masse, sont désormais devenus des musiques d'ascenseurs ou d'ambiance inévitables dans les dîners entre amis. Il cite pour exemples Buena Vista Social Club, Bjork, Tom Waits, Amy Winehouse, Feist, Nouvelle Vague... Autant d'artistes qui plaisent au plus grand nombre mais qui, à l'origine, n'étaient pas destinés au grand public, pas considérés comme "bankable", jusqu'à ce que... 
Les initiés qui dénichent de nouveaux artistes, qui ont l'audace d'écouter de nouvelles choses, qui font subir à leurs oreilles des dépucelages incessants; ceux-là mêmes se retrouvent pris à leur propre piège. Il se rendent à un dîner chez des amis, ou à une réception quelconque, et là inévitablement, les disques diffusés sont toujours les mêmes, et pourtant ce sont des disques reconnus comme bons au départ. Une sorte de dictature du bon goût, qui par son essence même est une faute de goût. Depuis quand doit-on passer un disque plutôt qu'un autre pour prouver notre bon goût et notre niveau de connaissance aux invités? Depuis que la musique est en proie à une machination à la "big brother".                                   
Il n'y a pas longtemps, je me retrouve au cinéma, un peu en avance. La musique de fond: Buena Vista Social Club en live. J'écoute "Chan Chan" pour la 3110e fois. Une voix de minet parisien me dit "découvrez grâce à CinéMusique le live de Buena Vista Social Club (...) blablabla". Quelques jours plus tard, j'assiste à une réception de la région organisée par une agence de com' jeune et dynamique: la musique diffusée en attendant que tout le monde arrive? Celle de Buena Vista Social Club.
Effectivement je ne suis pas loin de l'overdose.
Alors quand je lis cet article de Hugo Cassavetti, je ne peux empêcher un sourire. Une sorte de "ouf ben il y a quand même des professionnels de la  musique qui se rendent compte qu'un disque audacieux et de qualité, peut vite se transformer en "m..." à force de matraquage. C'est un peu comme le "Beggin'" de Frankie Valli qui me remplissait d'émotion mais que je ne supporte plus d'entendre depuis la reprise par Madcon. Parce que trop trop trop, bien trop, entendu.
La prochaine fois que je serai invitée, je ferai attention à ce que la musique que l'on a choisi de diffuser me soit totalement inconnue. Alors là seulement je saurai que je suis reçue comme une princesse...

mardi 2 décembre 2008

Trafic...de styles

photos: M.R.
Le fluo se mute en dandy, le danseur de tektonik s'achète des jogging lacoste, les fringues larges et les baggys se resserrent en slim et pantalons cigarettes. Les filles se couvrent parce que c'est l'hiver. Tant pis pour vous messieurs. Va falloir attendre quelques mois pour voir des bouts de peau. Des bouts de peau que l'on montre toujours avec style. Col V, short en jeans brut, chemise déboutonnée, robe bustier. Je tiens à préciser que le col V et le short en jeans moulant s'appliquent (malheureusement?) aux deux sexes. Le col V chez l'homme, je suis pas fan, ça met mal à l'aise.
"Trafic de styles" c'est aussi le nom d'un groupe de danse hip-hop, qui date du début des années 90. Rien à voir avec les jeunes b-boys d'aujourd'hui, qui breakent avec une tonne de gel sur les cheveux et en jeans ultraserré. Comment font-ils pour les "headspin"?
Le trafic en tous genres, c'est monnaie courante. M6 trafique pour que les artistes qu'elle signe passent douze fois par jour sur les chaînes musicales. Radio NOVA trafique avec les hypermarchés et leurs pubs hystériques pour promouvoir l'underground. La "Motown" trafique avec Diam's pour conquérir le public français, du trafic qui me laisse perplexe. Le gouvernement trafique avec les banques, dans un but obscur.
Laissons de côté le trafic et revenons au style, c'est quand même plus agréable à l'oeil et à l'oreille. Le rouge à lèvres bien rouge. Un bassiste qui ondule en fusion avec son instrument au concert de Winston McAnuff. Un visage sans fond de teint, sans mascara, sans fard, et qui rayonne plus que tout autre. Un t-shirt qui dépasse négligemment d'un pull. Des talons hauts qui marchent tous seuls, naturellement. Une voix grave, puissante, un sourire immense, un groove profond, Sandra Nkaké. Des gars qui s'emparent de deux platines et transforment dans une cuisine surprenante les sons des vinyles qui crépitent. Les yeux bleus qui me réveillent le matin.
Le style se trouve partout où on ne l'attend pas. Là où il y a la grâce, il y a du style, loin du trafic.

mercredi 26 novembre 2008

Sarkomantra

"In this country, you gotta make the money first. Then when you get the money, you get the power. Then when you get the power, then you get the women."
(Tony Montana / Scarface)

lundi 3 novembre 2008

Good wine

by Dino
Il y a des soirs où le vin est particulièrement bon, où l'ambiance est bonne naturellement. Des soirs où tout est cool. J'aime ces moments-là.
On rit, on fabule, on délire, on se gèle sur le balcon.
Chacun y va de son anecdote ou de son talent. Chacun y va de son tuyau, de sa dernière nouvelle, de son potin. On se retrouve et on passe un bon moment. Le temps se fige.
Parfois on déconne, on sort les lunettes, on se croit au Studio 54 et on rigole bien. Juste le temps de devenir quelqu'un d'autre.
C'est l'heure de partir. On se remercie, on a bien ri. On kiffe.
Fin de soirée.
Merci. Et surtout, à la prochaine.

mardi 21 octobre 2008

Mémé au micro!

photos: DINO (le photographe préféré de mamie)
"Push pas mémé", c'est une émission de radio née il y a un an, et qui a mûri comme il faut, assez pour faire la meilleure des tartes aux pommes, la spécialité de Mamie notre mascotte.
Désormais tous les mercredis soirs de 20h à 21h sur radio Clapas, Greg, Manu et Tieum officient au micro pour transmettre leurs coups de coeur musicaux avec plein de bonnes infos (ça n'engage que moi). A dominante hip-hop, les choix des titres diffusés sont malgré tout orientés dans un souci d'éclectisme. En bref, on ne passe pas que du hip-hop, on essaie de faire découvrir d'autres choses.
Je me joins à cette équipée pour une chronique à la sauce "silvaplanet" agrémentée et illustrée de "bon son".
Et comme Mamie a vraiment le sens de l'hospitalité, on vous donne l'agenda des soirées et on vous fait gagner des places de concert pour Victoire 2.
Pour écouter: si vous êtes à Montpellier, branchez le poste sur le 93.5, si vous êtes à Hawaii, connectez-vous sur le site de clapas ou visitez le myspace de l'émission.

mardi 30 septembre 2008

Air au Max!

Cliquez sur l'image pour zoomer.
Le hip hop et ses codes.
Les djeun's.
Les fluos.
Les danseurs de tecktonik.
La "airmax" est une basket qui fait le grand écart.
Grems, rappeur du groupe Rouge à Lèvres, fondateur du deepkho (le rap et la house), me confiait lors d'une interview pour le magazine Coming Up: "Mon deuxième album solo je l'ai intitulé "Airmax", et un journaliste qui a écrit dessus avait tout compris. Il avançait que la "airmax" représente ces choses que l'on convoite étant petits, qui sont inaccessibles et qui prennent alors une valeur presque sacrée."
Bien sûr, on parle de chaussures, où est la part de sacré là-dedans me direz-vous. Elle existe pourtant. Demandez aux générations qui ont vécu leur adolescence dans les années 90, ou pendant les années 2000. Cette chaussure donne des ailes à certains et fait tourner la tête à d'autres, au point qu'ils les collectionnent comme des objets précieux.
Dino et Finda associent leurs talents pour un mariage de couleurs et de style. Un hommage rendu à cette basket culte par deux artistes non moins cultes. Yo!

mercredi 24 septembre 2008

Fourrures, haute couture et biture

On n'a pas fait long feu à l'UMP.
Ils nous ont mis dehors quand ils ont vu que la seule chose qui nous intéressait là-bas, c'était les fourrures, la haute couture et la biture.
Trêve de plaisanterie. Je me cherche un peu en ce moment.

samedi 20 septembre 2008

Moi je ne fais qu'un seul geste...

... je retourne ma veste, toujours du bon côté!
Les temps étaient devenus trop durs. Pour un photographe et une passionnée d'écriture, de bon temps et de musique, l'avenir était incertain. "Désirs d'avenir" qu'elle disait Mme Royal. Et où elle le met elle son avenir? Au frigidaire. Ca ne présage rien de bon tout ça.
Alors on a décidé de franchir le pas, parce que demain nos enfants vivront dans ce monde où il faut savoir se mettre du bon côté. Nous voilà adhérents à l'UMP.
Désormais nous répondrons aux sobriquets de Maxime Raimonzy et Silva Benboutin. Nous soutenons bien évidemment la candidature de McCain car il fera bon vivre aux Etats-Unis sous son règne. Nous sommes contre l'avortement et les sabots "crocs" roses au gouvernement. Nous combattons aussi les mères qui ne savent pas qui est le père, car une société saine et conservatrice, c'est une société qui respecte les valeurs de la famille. Nous sommes désormais contre le téléchargement illégal.
Ce n'est que le début de notre engagement. Nous irons bien entendu toujours plus loin dans le saccage d'une société égalitaire, solidaire et au sein de laquelle la valeur travail est menacée par une nécessité de prendre le temps de vivre.  
Demain on se met au foie gras et aux voitures avec chauffeurs. Si ça fait pas rêver ça...

lundi 8 septembre 2008

Aux armes etc.

photo: DINO
A quoi bon ne faire que des éloges?
On vit l'âge d'or du "suckage" et du "lèche-bottisme" pour parler "rétro". Je pense qu'Internet est pour beaucoup dans cette tendance, car la complaisance est de mise si l'on veut exister et être légitime sur la toile. Ainsi on devient "amis" avec n'importe qui, on admire le premier venu et on le noie sous des "j'adore ce que tu fais, continue comme ça". Difficile de s'y retrouver, de déceler le sincère du faux-cul.
Loin de moi l'idée de faire la morale, mais je reste persuadée que la critique est salutaire. Surtout dans une époque où tout le monde s'adore, où chacun est formidable. Il semblerait que la critique est de moins en moins bien perçue. Celui ou celle qui critique est jaloux, n'a rien à dire, est incapable, n'a aucun goût.
Je m'élève contre ça car ça fait du bien de ne pas lire que des textes complaisants. Malheureusement on ne trouve que rarement des analyses, des propos critiques, cinglants, cyniques dans la presse, à la télévision ou sur Internet.
Pourquoi n'aurait-on le droit de s'exprimer seulement si c'est pour faire des éloges et jeter des fleurs?
L'esprit critique est sain et salvateur. Il permet de déceler le bon du moyen ou du mauvais, de prendre du recul en somme.
Taxée de "lâche", de fille aigrie et sarcastique, je continuerai quand même de dire ce que je pense. Par exemple, je maintiens mon mépris vis-à-vis de ces gens au boulot qui me demandent le dernier album de Jeff Buckley (qui est mort depuis longtemps), ou alors le single "Hallelujah" parce qu'ils ont vu un apprenti chanteur le reprendre dans la Nouvelle Star. Ces gens qui n'en ont rien à foutre de savoir ce qu'est la folk, la pop ou le rock, qui n'en ont rien à foutre de savoir qui chante et ce que ça veut dire à partir du moment où ça leur fait une musique de fond pour leur cérémonie de mariage. Ces mêmes gens qui s'extasient pour un rien et passent à autre chose à la prochaine pub télé.
Ceux qui sortent du lot, qui s'en sortent tout simplement, sont ceux qui acceptent de s'être trompés, d'avoir foiré mais qui se battent pour faire mieux et progresser. Ceux qui ne lâchent pas leur objectif du regard. Qui cherchent et fouillent pour trouver de l'inédit, du sincère. Qui veulent faire kiffer les gens.
Quelques temps après le Festipop, il ya eu un événement qui a été reporté de sa date initiale, le "Dérivé Live". Présente sur cet évenement, je me suis entendue dire: "on a pensé que tu allais écrire un texte intitulé le "Reporté Live" où tu dégommerais l'organisation". Pourquoi j'aurais fait ça? J'apprécie les choses à leur juste valeur, et parfois je me tais car si je l'ouvre c'est comme un coup d'épée dans l'eau. Il y a des gens qui sont protégés par une légitimité obscure. Qui n'ont aucun talent mais à qui on léche les bottes jusqu'à l'épuisement. Bref.
Je ne suis pas prête de taire ce que je pense. Et mes coups de coeur et coups de gueule, je continue de les balancer sur ce blog. Car c'est mon blog, et j'en fais ce que je veux.
Aux armes etc.

samedi 6 septembre 2008

Le tube de l'été est mal rebouché

photo: Dino aka NoDi (gitty)
Quelque chose cartonne pas mal en ce moment chez l'hyperdisquaire (F**C). Un truc qu'on me demande en écorchant le nom exact, ou en utilisant la formule qui marche à tous les coups: " je connais pas le titre, je connais pas le nom de l'artiste mais la pochette est marron/bleue/orange je crois, avec une photo". Je commençais à faire des progrès car je devinais une fois sur trois de quoi il s'agissait. Là, ces jours-ci, c'est Madcon qu'on ma beaucoup demandé: 
"Vous avez pas Madgon/Mabcon/Madpon/Mekong? Ca passe à la télé." 
"Hey mec c'est pas Madcon que tu cherches? Le groupe monté de toute pièce, façon "boys band", qui a repris le morceau "Beggin'" de Frankie Valli?"
 " Là je vous suis pas madame, mais c'est peut-être ça". 
Finalement, c'est peut-être pas si dur de s'en mettre plein les poches de nos jours, il suffit de flairer le bon tube (qui parfois n'est même pas de nous) et qui nous rendra riche jusqu'à la fin de nos jours. Allez, c'est décidé, je m'y mets dès ce soir. Je serai la future Patrick Hernandez, je vous concocte un tube qui pourrait s'appeler "Né pour vivre longtemps".

jeudi 31 juillet 2008

Heartbeat

Laurent Garnier a sorti un bouquin en 2003, intitulé Electrochoc, et qui relate l'histoire d'amour qu'il vit avec la musique depuis petit. Ce livre est une pépite. Car il n'y a rien de tel qu'une personne qui a vécu avec ses tripes la naissance de la house et de la techno pour vous faire vibrer et raconter avec le plus de vérité ce qui a pu se passer. A la manière des grands-pères qui ont vécu la guerre. 
Je suis novice en matière de musique électronique, pourtant ce livre m'a passionnée et je l'ai dévoré avec l'envie de le relire aussitôt terminé. C'est dingue tout ce que ce gars a traversé. Et j'envie quelque part toutes les émotions qu'il a ressenties et transmises à travers la musique. Quand j'ai refermé Electrochoc, je me suis dit que j'avais manqué quelque chose de vraiment énorme. Un mouvement, une vague de contre-culture foisonnante et avant-gardiste, qui a été néanmoins asphyxiée par le business, la répression, les préjugés et la peur. 
Laurent Garnier est un dingue de musique, un passionné qui a mené sa barque en restant intègre. Il fait de la musique non pas pour pouvoir poser dans des pubs pour du gel (David Guetta, si tu me lis...) mais bien pour donner du plaisir aux danseurs. 
Bourré de références, véritable chronologie de l'évolution de la musique "underground", plein de vie et de coups de folie, ce livre, je vous le conseille avec la plus grande bienveillance. 

lundi 14 juillet 2008

Putain de Gilles!

photo by my man. One love.
Putain de Gilles! Fucking Gilles! C'est ce que Brassens se serait sûrement exclamé s'il voyait comment il investit et transporte la ville de Sète vers la galaxie de la bonne musique. Gilles Peterson. Ce nom à lui tout seul promet un bon moment musical et une effervescence sur le dancefloor.
C'était donc il y a une semaine que se terminait en beauté et sur la plage l'édition 2008 du Worldwide Festival organisé par le crew montpelliérain Freshly Cut et Mr Peterson. Comme quand je lis un magazine, je commence mon billet par la fin de l'événement. Cette sauterie sur le sable m'a laissée des traces. Je ne me suis pas remise d'avoir dansé sur le morceau "You" de Maze. Je l'avais en cassette bon dieu! Ca datait! Et même sans le rosé, on aurait dansé joyeux tellement la sélection de la dream team composée de Sundae, Simbad, Peterson, Garnier, Mark Force et d'autres était sooooooooo goooooooood. A déguster sans modération. Le live du rappeur Sole (anticon) est venu ponctuer cette soirée à la prog rare et de qualité et qui semblait réservée à des initiés. Dommage que cela n'arrive que peu de fois par an.
Le samedi soir j'ai raté Comelade, à mon grand regret car avec lui aussi ma rencontre datait de l'âge des shorts (pour paraphraser Oxmo Puccino). Ma mère l'écoutait en boucle dans sa voiture, et j'aimais danser dessus. Cinematic Orchestra fût magique, pas loin du virtuose tant les musiciens sont bons. Le jeudi soir Roots Manuva a mis le feu sans avoir l'air de se fatiguer. Il était là, posé et il a déchiré. Gilles nous a gâtés en passant le remix de "Sunny" par Funkmaster Jb vs Funkmaster Js, et une version longue du "I heard it through the grapevine" de Marvin Gaye par Mark Rapson. Les autres prestations ont été plus ou moins inégales mais le même amour pour la musique (et la drogue? et l'alcool?) réunissait les gens sur ce festival, d'où une ambiance totalement cool et positive.
Le point noir du Worldwide Festival reste quand même le prix à payer. C'est dommage (et frustrant) de devoir payer deux fois le prix d'un concert pour la même soirée. Cette politique entraînait le prix élévé du pass à 85 euros, bref ça coûtait cher d'approcher Gilles Peterson. Après ça, le budget concert de l'été est sérieusement entamé.
Malgré tout, je signe pour les prochaines éditions. Le soleil, la plage, le théâtre de la mer, l'air marin, les sourires sur les visages et cette célébration de la musique. C'était trop bon.

vendredi 11 juillet 2008

La classe supérieure

C'est du côté de Sheffield dans le Yorkshire qu'est né le label WARP, chez qui on retrouve notamment Jamie Lidell. J'ai eu l'occasion d'aller habiter (deux mois) dans le coin, à Stalybridge plus exactement, petite bourgade entre Sheffield et Manchester. L'Angleterre profonde. Le vide. Des centres commerciaux en pagaille. Mais pas de musique! Pas de Jamie Lidell au coin de la rue! Où donc était cette effervescence artistique? Pourquoi n'a-t-on rien ressenti de tel?
Le voilà qui vient à nous, dans le sud de la France, demain samedi 12 juillet au théâtre de la mer. L'occasion d'admirer sa classe ultime et d'écouter sa voix sublime.
Je poste aussi une video, l'un des trois épisodes réalisés autour de son album "Jim".
Vous l'aurez deviné, en ce moment je suis la groupie de Jamie. Et je le reste même si son concert a été annulé, bordel.

mardi 1 juillet 2008

Une histoire de soupe



Oui on a souvent tendance à cracher dedans. Cracher dans la soupe. Alors je ne vais pas le faire, même s'il m'arrive de déroger à la règle. Je le reconnais. Le nouveau numero du magazine dans lequel j'écris est sorti aujourd'hui. La couverture peut être appétissante, c'est selon. Certains la trouveront criarde et de mauvais goût, d'autres dans la tendance, et d'autres dépassée. C'est comme le contenu, on peut le juger branchouille, tape à l'oeil, opportuniste, inutile. Mais il n'empêche, ce magazine a vécu pendant six ans, est revenu tous les trimestres malgré les difficultés, avec de nouvelles infos sur le Sud autres que celles publiées dans le Midi Libre, l'Indépendant, la Marseillaise ou Nice Matin. D'avoir porté ce projet, même en étant parfois obscur, mérite d'être salué. Alors je ne crache pas dans le soupe et je suis contente d'avoir écrit dans trois exemplaires de Coming Up. Moi-même je trouve beaucoup de défauts à ce mag, mais aujourd'hui, y'a t-il un magazine fin, instructif, accessible, beau visuellement, dénicheur de nouveaux talents et sans pub ou presque? C'est plus la peine d'y croire. Alors je suis contente d'avoir rencontré des passionnés sur qui j'ai écrit des papiers et d'avoir tapé frénétiquement sur les touches de mon clavier.
Ce numéro d'été est le dernier de la série. Il y a dedans des choses à découvrir et d'autres à zapper. Prenez juste ce qu'il faut de soupe, au moins pour la goûter, et tant pis si vous risquez l'indigestion.

dimanche 1 juin 2008

Géant

MUTO a wall-painted animation by BLU from blu on Vimeo.

Merci à Pablo qui nous a fait découvrir cette video.

Instants de grâce

photo: DJ Maxime "Dino" Raimond / CNC
Et oui parfois, même à la télé décriée par certains, ils se passent des instants de grâce. Des moments où quelque chose de léger et profond à la fois vous touche. Pas loin d'une illumination divine. Non là j'exagère. C'était un soir de la semaine, dans Mon Taratata à Moi. Des artistes filmés dans un photomaton choisissent de voir un live précis enregistré dans l'émission. La tête de Tunisiano apparaît, qui représente un rap d'aujourd'hui que je trouve un peu facile (c'est personnel). Et là il choisit de visionner le live de Fabe qui chante "Ca fait partie de mon passé". La claque: une voix grave et suave, un flow posé et un texte taillé à la pointe de la finesse. On avait presque oublié que le rap français ça pouvait être ça aussi. On est ému et on part aussi dans le passé. Quelques minutes plus tard, les deux gars de Portishead montrent leurs têtes dans le photomaton. Ils parlent du rap français, du nombrilisme des Anglais qui leur fait manquer beaucoup de découvertes musicales et de Mc Solaar qu'ils ont pourtant connu grâce à Gilles Peterson, déjà en 1990. Ils saluent les instrus de Claude Mc, le sample du morceau de Gainsbourg, "Bonnie and Clyde". Puis la video commence et Mc Solaar apparaît, tout jeune, pour chanter "Caroline" entouré de musiciens et d'un DJ. Ce morceau est un bijou d'écriture et de musicalité.
Il y a déja plusieurs mois, sur le forum de novaplanet, au sujet du morceau "Hip Hop" de Hocus Pocus, j'avais évoqué le rap français positif du temps d'Alliance Ethnik et de Mc Solaar. Un gars avait répondu que ça craignait de citer ces groupes, que ce n'était pas du grand "pera", que c'était limite la honte. Et pourtant, quand j'ai revu ces deux artistes en live, ça a été un véritable instant de grâce. Le rap français aussi a eu son heure de gloire.

lundi 19 mai 2008

La fête au FESTIFLOP

photos: Dino aka M. Raimond
Ils ont mis le paquet. Ils ont fait les choses en grand.
Pour cette 5e édition du Festipop, ils ont mis les petits plats dans les grands: plus de 30 concerts sur 3 scènes, une 30aine d'exposants, 200 bénévoles, 10000 personnes attendues. Malgré la présence de Pete Doherty sur le site, c'est surtout là que ça coince! Au niveau des chiffres!
Ceux qui ont joué dans l'arène le premier soir ont eu le privilège d'avoir un public "trié sur le volet" dixit l'artiste Zob: 10 à 20 personnes à tout casser! Valait mieux jouer l'autodérision. On a pu constater l'air désolé de certains artistes, comme sur la photo du haut.
Un peu plus loin il y avait le soundsystem. Bon son, puissant, bonne selecta, mais trois pelés qui se dandinent, c'est pas très "chaleur" ni "jamaïque".
Devant la scène rock/punk, quelques gars qui boivent des bières (les artistes en fait, qui avaient accès à l'open bar). L'open bar n'aura duré qu'une soirée, alors qu'il était prévu pour durer tout le festival. La bière a coulé à flot dans les gosiers des artistes et de leurs potes, mais malheureusement que le vendredi.
Le flop, quoi.
Il semblerait que le samedi la pluie n'ait pas arrangé les choses. Le concours de graffiti a bien eu lieu, avec des pièces maîtresses et majeures dans l'histoire de cet art (hum). A gagner? Un prix réel (des bombes de peinture) et un prix fantôme (l'abonnement à Graff It!).
Mais la clé du truc est là: c'était un festival fantôme, où les stands d'associations locales qui espéraient renflouer leurs poches se sont surtout pelées les miches.
Le dimanche? L'accés était libre et pourtant peu de gens se sont déplacés vers le site, par peur du pollen peut-être.
Comme quoi la recette pour réussir un événement musical n'existe pas. Avec sa super programmation, ses subventions massives des collectivités, le Festiflop en est la preuve. Ca aurait pu être cool & full. Ce fût plutôt nervous breakdown.

jeudi 24 avril 2008

C'est estival

photo: Dino - Beziers - été 2007
"Voilà l'été! Voilà l'été!" Ce refrain évoque des souvenirs de camping, de pot d'accueil avec la chanson et la chorégraphie qui mettent "à l'aise". Je suis sûre que vous avez tous connu ça au moins une fois. Si si.
Les hirondelles sont là, et il paraît que c'est le signe que l'été est bien arrivé. Une bonne fois pour toute. Car le coup de ressortir le parapluie en plein mois d'avril pendant une semaine d'affilée à Montpellier, c'est contre-nature.
Alors on est heureux de voir les hirondelles. Cliché mais si vrai: "Summertime and the living is easy."
On se met au ralenti.
"96 degrees in the shade" (Third World)
"Why do these girls, look so good in the summer?" ("It's the questions" - Common)
Tout est dit dans la musique.
Sortez vos chapeaux de paille et savourez les UV...

lundi 7 avril 2008

Ca gratte

photo: Dino
Je suis tombée ce matin sur un très bon texte dans GQ, écrit par Géraldine Sarratia, critique musicale aux Inrocks notamment. Elle y dépeint un portrait au vitriol des chanteuses à guitare acoustique. Les Carla Bruni, Linda Lemay, Elodie Frégé, Anaïs, Rose, Ayo et compagnie n'ont de la touche rock'n'roll que la guitare. L'expression utilisée par l'auteur, "ce sont des Francis Cabrel sans moustaches" (encore cette fichue moustache), illustre assez bien le propos. Les filles à guitare sont gentilles, elles ne veulent pas déranger, elles se mettent dans un coin et susurrent pour ne pas trop faire de bruit. Pourtant la guitare est un symbole fort! Et même acoustique, elle renvoie aux chants gitans qui sont loin d'être murmurés, ou à Brassens qui chantait du politiquement incorrect et mettait de la puissance dans ses mots plutôt que dans ses riffs. Mais ça faisait son effet.
Ajourd'hui, alors que l'on s'apprête à fêter les 40 ans de Mai 68, les chanteuses-murmureuses à guitare fichent en l'air les combats menés par des Patti Smith, des Debbie Harry, des Janis Joplin. Rock'n'roll. Des femmes qui en avaient. Qui se faisaient entendre. Qui prenaient le pouvoir par le biais de la musique. Au contraire les chanteuses-murmureuses reprennent leur place de gentille fille, qui chante le regard baissé et l'air désolé. Une régression dans la révolution féministe!
A quoi est dû le succés de ces chanteuses qui grattent mollement?
Personnellement, je rêve toujours secrètement d'être une rock star au féminin, qui hurle et assume son pouvoir. Qui a un charisme fou et une voix à la Janis Joplin. Une femme qui bouscule tout.
Filles! Femmes! Ne vous endormez-pas au son de Carla Bruni! Regardez où l'a menée sa musique de colombe doucereuse. Sincèrement, ça vous fait envie?

lundi 31 mars 2008

Compact disc, coffrets, compil' et compagnie

photo: Dino (Manchester)
Ca y est, je fais partie des chanceux qui travaillent dans un magasin de disques et dont la fonction principale consiste à ranger, classer, renseigner, commander, échanger autour de boites en plastique contenant une galette en plastique elle aussi. Et ça me plaît beaucoup!
J'ai passé le cap du premier samedi. Au départ j'appréhendais car c'est le jour où les affaires marchent le mieux. C'est aussi le jour où les inconditionnels du rayon se pointent pour faire leur sketch habituel. Je ne les connais pas alors je les découvre (et il paraît que je ne les ai pas tous vus, tant mieux, je sens que ça va me faire marrer). Plantée derrière le guichet, je le vois s'approcher d'un pas décidé. Casquette "FBI" en arrière, un écouteur dans l'oreille, l'autre qui pendouille: "Madame, bonjour madame! Je voudrais raï'n'b fever 3, c'est le dernier il vient de sortir je l'ai entendu à la radio. Raï'n'b fever 3." Au cas où je n'ai pas bien compris il me répète quatre fois le titre de l'objet convoité. N'étant pas certaine que cette compil soit sortie, je vérifie, je ne trouve rien. Alors je le lui dis. "Mais si mais si elle est sortie! Je l'ai entendu sur beurFM!"
Bon bon alors je vais demander à un collègue qui doit en savoir plus. Dès qu'il le voit, mon collègue lui dit direct sans savoir ce qu'il cherche: "Non, non c'est pas sorti, va falloir attendre." Je le regarde interloquée. Une fois le phénomène parti, il me glisse que ce client, c'est celui qui demande toujours des trucs qui ne sont pas sortis, toujours. Ah oui? "Ben oui, soit il te demande le dernier album de Pink Floyd, soit le dernier Open Mag deux mois avant sa sortie, ou celui qui sort dans six mois... Du coup on l'appelle Open mag." Une autre collègue se pointe. Il lui lance: "elle a fait connaissance avec "open mag". "Olala! Et tu en verras d'autres!" Moi, naïve, j'allais tout retourner pour la lui trouver sa compil'.
Un peu plus tard, un grand gaillard s'approche de moi. Lunettes de soleil noires, oreillette "bluetooth" coincée derrière l'oreille. Vu ma petite taille il se penche fortement pour me demander, à deux centimètres du visage, si on a le dernier Satriani. Qui ça? "Satriani! Le guitariste qui joue avec Toto!" Un instant, je cherche. Il ne sort que dans deux jours, va falloir patienter un peu. "Et vous pouvez pas me le vendre si vous l'avez derrière?!" Euh non désolée. Heureusement, ma collègue arrive (je commençais à stresser). Elle m'explique: "Lui est sympa, assez exubérant mais sympa. Il vient de Béziers, toutes les semaines. Il a tendance à être plutôt "proche" de toi". J'avais remarqué. Elle va à sa rencontre pour le renseigner.
Au cours de l'après-midi, d'autres cas défilent dans le rayon. Moi qui aime observer la diversité des êtres humains, je me régale. J'enrichis ma culture musicale (mes collègues sont des encyclopédies vivantes) et en plus je m'adonne à l'etude sociologique d'une tribu bien particulière et si intéressante: les musicophiles.
Youpi!

mercredi 5 mars 2008

AMERICA

I'm blind to you fucking haters!
'Cause the sun shines upon my head!
Rien de tel qu'un bon petit reggae pour réchauffer les esprits sujets à la grisaille. La musique afro-américaine en général est très bonne pour ça. Rien de tel qu'un bon morceau de funk à la basse bien lourde, ou une sérénade "soul" à la Minnie Riperton. Ce soir il fait beau chez moi. Pour une fois que je ne râle pas en direct de ma planète. Non, ce soir j'envoie des positives vibwations. Il y a des jours comme ça. Ca m'arrive aussi.
J'en reviens à l'Amérique et à la musique qu'elle nous offre. Toutes les leçons qu'elle nous donne. The american dream is still alive! A l'heure où McCain, la frite républicaine et conservatrice voudrait faire régresser l'Amérique, Barack Obama incarne l'avenir d'un pays riche en talents. Bush nous a déçu et nous déçoit, mais la musique née là-bas ne nous déçoit jamais.
Spike Lee l'a dit: "in America, we always" do the right thing!!!
Allez, il y a quand même des gens biens là-bas.

mercredi 20 février 2008

Young and pretty

photos d'illustration: DINO
Qui que tu sois, quoi que tu fasses, tu fais gaffe à ton image. Du babos-coolos qui peaufine son style « négligé-travaillé » à la fana de fringues qui passe son temps à imaginer les tenues qu’elle va porter les deux prochaines années. L’homme obéit aussi à cette sorte de nouvelle divinité. La preuve en est : si un nouveau magazine masculin voit le jour (on le compare à ELLE), c’est qu’il y a un public. Il existe déjà en version anglo-saxonne. On le décline à la française. GQ, c’est le nom de ce magazine, se paie un Vincent Cassel moustachu pour sa première couv'. Pourquoi ? Parce que « Incroyable mais frais, la moustache revient ». Voilà ce qu’on peut y lire. La ligne éditoriale : culture, style, opinions, sexe, sport. Ok. Le constat ? L’homme non plus n’échappera pas à l’angoissante quête de la classe suprême, du style et des fringues bien coupées qui en jettent. La culture se mêle au style aux opinions au sexe au sport. Dis-moi comment tu t’habilles, je te dirai pour qui tu votes, ce que tu lis, quel genre de musique tu écoutes, comment tu fais l’amour, si tu aimes le théâtre ou si tu es plutôt opéra. Le tout c’est d’arriver à ne pas se noyer sous le tas d’habits qui nous identifie. Car du coton, de la soie, du lin ou du cuir dans les poumons, c’est fatal. L’élégance n’est pas une question de quantité ni de monnaie. C’est une question de choix en toute indépendance, une sorte de ligne éditoriale qui nous définit et nous colle à la peau. C'est ça avoir du style.

vendredi 4 janvier 2008

La pige, tu piges?

Première collaboration avec le magazine Coming Up.
Le magazine de la Méditerranée, qui sent bon le Sud et les infos qu'on aime bien.
Pour le numéro sorti en Décembre, une couverture sexy à souhait pour illustrer le thème "Grandeur et Décadence". Courez chez votre marchand!

jeudi 3 janvier 2008

Smoking is "has been"

photo: Dino "le fumeur de roulées"
Tu fumes? Prends garde alors car tu es devenu LA cible de cette année 2008.
Finies les garots au bar, en sirotant un demi ou un pastis.
Finies les blondes qui te donnent l'air moins seul et con quand tu en attends une autre dans le pub, de blonde. A Perpignan, on dira "finies les shtoumpes" fumées à l'intérieur du bar de la marée, au In Love ou au O'Shannon. Tu fumerais bien une clope avec ta bière blanche au sirop de rose? TU PEUX PAS. VA DEHORS. Pour pallier à cette frustration, pourquoi ne pas créer son propre bar, n'importe où, dans un vieux hangar désaffecté, avec des fauteuils récupérés dans un bus à la casse et un pack de bières? Trêve de plaisanterie.
Je ne fume pas vraiment. Mais ça m'attriste de me dire que mes fringues ne sentiront plus la cigarette quand je rentrerai de soirée ou que mes copines passeront plus de temps dehors accrochées à leur clope que dedans avec moi. Et puis je pourrai plus piquer une cigarette pour la fumer dans la pénombre en écoutant le son bien fort quand l'alcool commence à faire son effet. C'est tout un symbole qui s'envole.