vendredi 16 octobre 2009

So...world




Eté 2004: friande de presse magazine, j'achète au point presse de la gare Sofa, un magazine culturel qui n'existe plus aujourd'hui, dommage. C'était bien ficelé. ( La société So press qui l'éditait fait dans le foot avec So Foot). A l'intérieur je découvre cinq ou six pages consacrées à la chanteuse nouvellement arrivée dans les  bacs: M.I.A. avec son premier album "Arular". Son portrait est écrit dans un style plaisant, le journaliste est bien documenté et les photos de la tigresse tamoul laissent rêver à d'autres horizons, où les chanteuses portent des leggings imprimés ethniques et de grands t-shirts en coton, plutôt que des poum-poum shorts à paillettes. Après lecture de l'article, je me rends à la Fnac pour écouter le dit album. Et là c'est la claque, car on aura beau dire ce qu'on veut, à l'époque, M.I.A. elle amène du neuf et de l'explosif. Tout droit venu du Sri-Lanka avec une escale à Londres.


Automne 2009: le duo de producteurs Radioclit et le chanteur malawi Esau Mwamwaya sortent The Very Best: "Warm heart of Africa". Le chant traditionnel malawi vient à la rencontre de prods électro-hybrides un peu barrées et fondamentalement occidentales. Mais quel intérêt de préciser les origines des deux? Car ce projet rend totalement superflu le concept de "musique du monde". La musique EST, point. Elle EST partout, et partout elles reste musique.


Clin d'oeil à l'édito de Pierre-Jean Crittin du magazine Vibrations du mois d'octobre: "Souvent, on nous demande si Vibrations est un magazine dédié aux "musiques noires". La question m'a toujours apparu incongrue. La réponse semble l'être aussi aux yeux des interlocuteurs, à considérer le silence qui suit généralement. Cette réponse est la suivante: puisqu'il est avéré que 80% de la musique populaire du XXe siècle a été créée par des Noirs, il est logique que cette proportion soit respectée dans un magazine qui traite de ce sujet (il ne faut pas trop me pousser pour que j'affirme que, dans les 20% restants, 15% ont été inventés par des musiciens extra-occidentaux)"
C'est dit.


Pour votre plus grand plaisir, un titre à télécharger gratuitement extrait de la mixtape qui a précédé le projet The Very Best, il y a un an avec, bien évidemment M.I.A. et Esau Mwamwaya au chant, entre autres, et Radioclit à la production.


vendredi 2 octobre 2009

Au stade et au musée
















photos: Manchester, automne 2006 - Maxime Raimond


C'est un grand écart que je vous propose. Mais que je trouve pas si grand que ça après réflexion. La magie opère dans les deux lieux. Au musée Fabre dans lequel je me suis rendue cette semaine, j'imagine ce que les peintres vivaient, ce qu'ils ressentaient. Comme nous l'a dit la guide, les beaux-arts nous en disent beaucoup sur la société, ils sont de véritables puits de données sociologiques. Bien que je ne sois pas une spécialiste de l'histoire de l'art, je ressens devant certains tableaux une profonde admiration, et c'est le lieu tout entier qui me transporte dans une histoire commune. Dans Télérama, c'est le portrait du peintre Gérard Traquandi qui m'émeut. J'y découvre la mise en mots de ce que peut ressentir un artiste-peintre lorsque la magie opère, lorsqu'il est parvenu à créer ce qu'il souhaitait: "la magie advient lorsque le peintre a l'ange posé sur son épaule". Un ange qui serait le gage que c'est réussi, qu'un autre monde est atteint.



Ce qu'il y a de fort dans le musée en tant qu'institution, c'est qu'il pourrait être aussi populaire et fédérateur qu'un stade. Et le stade n'est pas une institution moins noble, au contraire. Je m'y suis rendue aussi cette semaine. Dans les tribunes, le vent qui souffle est celui de l'appartenance à une même communauté, une admiration partagée pour la beauté d'un sport, pour l'action de certains hommes. Les langues se délient, la joie et la colère explosent sans retenue, et il y a autant de papis que d'ados, d'enfants accompagnés de leur père et de femmes. Ce qui opère et qui est difficilement qualifiable, c'est la même chose tant au stade qu'au musée.


Le sentiment d'appartenance s'élève contre l'individualisme destructeur. La curiosité pour le passé, pour le génie, la beauté et la prouesse technique nous fait du bien et nous rend plus forts. Que ceux qui ne vont jamais au stade viennent y faire un tour, et que ceux qui n'ont jamais mis les pieds dans un musée en franchissent le seuil. L'objectif: ajouter à sa réserve d'être-au-monde de nouvelles ressources, des ressources qui nous permettront de mieux comprendre ce monde.


Je salue particulièrement l'Angleterre pour le principe de la gratuité des musées. A quand le lieu de ralliement des jeunes du samedi après-midi au musée plutôt qu'au centre commercial? Peut-être quand l'accès aux musées français sera gratuit...