vendredi 2 octobre 2009

Au stade et au musée
















photos: Manchester, automne 2006 - Maxime Raimond


C'est un grand écart que je vous propose. Mais que je trouve pas si grand que ça après réflexion. La magie opère dans les deux lieux. Au musée Fabre dans lequel je me suis rendue cette semaine, j'imagine ce que les peintres vivaient, ce qu'ils ressentaient. Comme nous l'a dit la guide, les beaux-arts nous en disent beaucoup sur la société, ils sont de véritables puits de données sociologiques. Bien que je ne sois pas une spécialiste de l'histoire de l'art, je ressens devant certains tableaux une profonde admiration, et c'est le lieu tout entier qui me transporte dans une histoire commune. Dans Télérama, c'est le portrait du peintre Gérard Traquandi qui m'émeut. J'y découvre la mise en mots de ce que peut ressentir un artiste-peintre lorsque la magie opère, lorsqu'il est parvenu à créer ce qu'il souhaitait: "la magie advient lorsque le peintre a l'ange posé sur son épaule". Un ange qui serait le gage que c'est réussi, qu'un autre monde est atteint.



Ce qu'il y a de fort dans le musée en tant qu'institution, c'est qu'il pourrait être aussi populaire et fédérateur qu'un stade. Et le stade n'est pas une institution moins noble, au contraire. Je m'y suis rendue aussi cette semaine. Dans les tribunes, le vent qui souffle est celui de l'appartenance à une même communauté, une admiration partagée pour la beauté d'un sport, pour l'action de certains hommes. Les langues se délient, la joie et la colère explosent sans retenue, et il y a autant de papis que d'ados, d'enfants accompagnés de leur père et de femmes. Ce qui opère et qui est difficilement qualifiable, c'est la même chose tant au stade qu'au musée.


Le sentiment d'appartenance s'élève contre l'individualisme destructeur. La curiosité pour le passé, pour le génie, la beauté et la prouesse technique nous fait du bien et nous rend plus forts. Que ceux qui ne vont jamais au stade viennent y faire un tour, et que ceux qui n'ont jamais mis les pieds dans un musée en franchissent le seuil. L'objectif: ajouter à sa réserve d'être-au-monde de nouvelles ressources, des ressources qui nous permettront de mieux comprendre ce monde.


Je salue particulièrement l'Angleterre pour le principe de la gratuité des musées. A quand le lieu de ralliement des jeunes du samedi après-midi au musée plutôt qu'au centre commercial? Peut-être quand l'accès aux musées français sera gratuit...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire