dimanche 21 mai 2017

Le weekly planet #88




Soyons objectifs, Beyoncé n'a rien inventé. Les bodys sexys sur collants résille, la permanente capillaire explosive, et surtout cette endurance à toute épreuve, qui permet de chanter, danser, jouer d'un instrument d'un seul et même souffle. C'est tout cela Sheila E. 
Pourquoi ce choix musical me direz-vous? Je me pose la même question. J'ai vu ce clip passer dans un Personne ne Bouge spécial "Prince", Sheila E a été l'un de ses grands amours, et aussi sa protégée. Le titre m'a interpelée, car qui ne veut pas vivre "la vie glamour" à l'heure où tout se partage et se met en scène? Aujourd’hui, "the glamorous life" n'existe plus, elle est remplacée par "the photoshop life".
Parfois je me dis, "merde j'avais pas remarqué que la terre est peuplée de canons!". 
Sur instagram, beaucoup de personnes prennent le contrepied de ce filtre "papier glacé" permanent que l'on appose sur nos tranches de vie. Le mouvement #bodypositive par exemple, vient dire "fuck" à ces archétypes irréels de femmes et d'hommes parfaits. 
Enfin... tout ça pour vous souhaiter la bienvenue à bord de ce nouveau numéro du Weekly Planet, qui se fait rare, certes, mais qui sera, je l'espère, à la hauteur de vos attentes.





Il y a bien une chose qui ne change pas, c'est notre impuissance face à la météo. J'en profite pour placer une référence de mon adolescence, comme analyse hautement intellectuelle de ces dernières élections présidentielles : "rien n'est près de changer, sauf la gueule des bouffons sur les billets".  
J'ai remarqué que, malgré tout, la météo n'est pas vécue pareil selon que tu es riche ou pauvre. Je me suis fait la réflexion en croisant un homme abrité sous un parapluie Mont Blanc. "Damn" ai-je pensé, on utilise jusqu'au parapluie pour montrer au reste du monde sa supériorité financière? Il avait l'air robuste ce parapluie, et il était spacieux vous imaginez bien, pas comme ceux à bas prix qui ne protègent somme toute que la tête, quand le reste du corps, des bras jusqu'aux pieds est trempé. 
J'ai réalisé que même un parapluie peut être un produit de luxe, alors que cet objet est voué à être oublié dans les transports en commun, au restaurant, au travail... que sais-je... Je me suis dit que si j'avais 80 € à foutre en l'air, je me serais offert ce parapluie designé par Parra.







Mais je n'ai pas 80 € à foutre en l'air.
En revanche, j'ai une réflexion intéressante à partager avec vous. Il s'agit d'un extrait d'interview de Monique Pinçon-Charlot, éminente sociologue dont le principal sujet d'étude, partagé avec son mari, est les gens riches et leurs codes.  Elle cite une réflexion issue de "Les Chiens de Garde", écrit en 1932 par Paul Nizan, pour nommer ce qu'elle observe comme une constante chez les gens riches. Elle parle de la consanguinité sociale des riches et de leur sentiment d'impunité unanimement partagé. 
" LA BOURGEOISIE TRAVAILLE POUR ELLE SEULE, ELLE EXPLOITE POUR ELLE SEULE, ELLE MASSACRE POUR ELLE SEULE. 
MAIS ELLE DOIT FAIRE CROIRE QU'ELLE TRAVAILLE, QU'ELLE EXPLOITE ET QU'ELLE MASSACRE POUR LE BIEN FINAL DE L’HUMANITÉ. 
MAIS ELLE DOIT FAIRE CROIRE QU'ELLE EST JUSTE ET ELLE-MÊME DOIT LE CROIRE.






Mais il est temps de revenir sur le sujet de la météo, car c'est un sujet fourre-tout. La preuve en est, sur Canal Plus, la météo est un prétexte pour caster de jolies filles qui doivent avoir le sens de l'humour. Je vous disais un peu plus haut, que l'on est a priori tous égaux face à la météo. Mais en fait non, nous ne le sommes pas. Et chaque année le printemps vient me le rappeler. Alors que je sors encore en pull voire en col roulé, je croise des filles en mini short en jeans et tongs. Moi, si je me vêtis ainsi, je tombe malade à coup sûr. 
Mais bon, là, le 21 mai 2017, on peut dire que ça y est non? La saison est ouverte.






Saviez-vous que le prénom Kevin est porteur d'une malédiction en France? 
Pour preuve cet article du Point qui commence ainsi:
"Pas facile de s'appeler Kevin... C'est justement le prénom lourd à porter du héros du nouveau roman de Iegor Gran, intitulé La Revanche de Kevin (éd. P.O.L). Le protagoniste, qui travaille à la radio, lit Le Monde et flâne dans les salons littéraires, fait l'objet de moqueries incessantes depuis la petite enfance. En cause, le mauvais goût de ses parents qui ont choisi de l'affubler de ce prénom "de beauf". Véritable marqueur social des années "boys band", donné à pas moins de 14 087 bébés nés en France en 1991, "Kevin" ne jouit plus aujourd'hui de la même notoriété. Et bien que le personnage éponyme évolue dans un milieu intellectuel, son prénom l'empêche d'être considéré en tant que tel."

Un journaliste britannique prénommé Kevin en a même fait un article, à lire ICI.

Selon comment tu t’appelles, tu es coincé ici pour toujours, sous le plafond de verre. Comme Homer.






En parlant de plafond de verre, moi qui suis très sensible aux matières, je me dois de vous parler de La Poudre, ce podcast radiophonique créé par la journaliste Lauren Bastide. L'internet ne produit pas que du désarroi et du jetable, la preuve en est, cette émission qui parle des femmes et les fait parler. C'est intelligent, éclairé, pertinent, sincère et ça me rend fière, ouais.
Parce que c'est quoi le féminisme aujourd'hui? Un gros mot? Un concept qui fait lever les yeux au ciel? Ou alors est-ce davantage un courant humaniste, qui ne concerne pas que les femmes mais ouvre la réflexion à notre approche de l'altérité? 
En tout cas, ces discussions avec des femmes de tous bords ne peuvent que vous enrichir, mes sœurs. Et vous mes frères, si vous êtes assez ouverts, vous y trouverez aussi du sens. 
C'est comme lire du Virginie Despentes, ça remet les pendules à l'heure. ECOUTER ICI.






Cette émission m'a également fait connaître le concept de "sororité", qui désigne la solidarité entre femmes. Car bien souvent nous sommes les pires juges de nos consœurs. Et il est temps que je fasse mon mea culpa, ici dans le Weekly, car bien souvent je me suis moquée d'autres filles, sans savoir que je me tirais une balle dans le pied en même temps. Alors, pardon Ptite Crotte, pardon Océane Boudin. 





C'est le patriarcat qu'on doit juger et combattre, pas les autres femmes. 





Et pour poursuivre sur l'inventivité des femmes, et leur pouvoir insoupçonné, je partage ici mon amour pour Retard Magazine, qui ouvre ses colonnes et ses événements à des filles, des femmes de tous bords, mais pas que hein, elles ne sont pas sectaires.

J'aime lire Retard et je ne suis jamais déçue, contrairement à d'autres magazines dits "féminins" ou "féministes", qui finissent toujours par tomber dans le putassier, le racoleur, la soumission. Même le très respectable Cheek Magazine a encensé l'idée de montrer son cul sur instagram, cette nouvelle mode complètement vide de sens, et censée démontrer quoi? 





La marchandisation ne doit concerner que des marchandises, pas des corps, ni des culs, ni des seins.





Un photographe français, Thierry Bouët, a eu la merveilleuse idée de sélectionner des annonces sur leboncoin.fr, de contacter les vendeurs et d'aller les photographier avec leur marchandise, leur demandant de raconter leur histoire. Cela a donné lieu à une exposition vue notamment aux Rencontres d'Arles, et aussi à un bouquin. En voici quelques extraits.


BATEAU A VAPEUR TYPE CHALOUPE - 12000 €
Lulu a acheté cette chaloupe d'origine anglaise il y a deux ans. elle lui a coûté douze mille euros. Mécanicien général, Lucien a remis la chaudière en état. Il fait désormais partie du cercle fermé des vaporistes. Il n'a jamais mis son canot à l'eau, alors que sa maison est à 200 mètres du confluent de la Seine et l'Oise. Il le vend pour aider ses enfants auxquels il donne tout depuis toujours. 



PERRUQUE PRO MICHAEL JACKSON - 45 €
Le métier de Lilian est sosie de Michael Jackson. Il l'a appris avec des transformistes au Club Méditerranée. Il achète ses perruques à Strasbourg-Saint-Denis chez un Indien spécialisé dans les accessoires afro. Il en consomme une par trimestre, fait un shampoing après deux ou trois spectacles et les revend au fur et à mesure. Avant de s'en défaire, il les embaume au Giorgio de Beverly Hills, le parfum préféré de Michael Jackson. 





CABINE D'ESSAYAGE - 6000 €
Farida est gérante de boutique de luxe. Lorsqu’elle monte son affaire à Paris rue Charlot, elle fait appel aux conseils d’un décorateur. Pour la cabine d’essayage il lui montre des photos d’animaux sauvages dans des zoos. L’idée la séduit, la cabine sera une cage. Les clients en sont toqués au point de vouloir s’y faire emprisonner. Aujourd’hui la boutique est fermée et la cabine ouverte à toute proposition.





A défaut de m'offrir le parapluie de Parra ou cette très belle cabine d'essayage, je me suis achetée le livre de Thierry Bouët. Je suis encore plus fan du Bon Coin depuis.





Un Weekly n'en est pas un sans une Palme du Swagg. Ce mot est probablement tombé dans l'oubli, mais ça ne m'étonne pas. Une génération étant une période de 33,3 ans, je l'ai dépassé ces mois-ci. Je me résous désormais à accepter que je ne suis plus à la page. 

Ça me rappelle ce petit cartoon que je partage régulièrement.


La PALME DU SWAGG, donc est décernée à l'illustratrice Roca Balboa, qui est aussi tatoueuse, et pleine de talent. Elle est co-fondatrice de Retard d'ailleurs, et alimente le site de ses dessins trop beaux et trop cools, comme un cocktail Blue Lagoon.










Ah ça fait plaisir de revenir comême! Évidemment je tâcherai de ne pas trop traîner d'ici le prochain numéro, car il faut savoir être réactif de nos jours!






Merci pour votre soutien les copains. One love.