photo: DINO
A quoi bon ne faire que des éloges?
On vit l'âge d'or du "suckage" et du "lèche-bottisme" pour parler "rétro". Je pense qu'Internet est pour beaucoup dans cette tendance, car la complaisance est de mise si l'on veut exister et être légitime sur la toile. Ainsi on devient "amis" avec n'importe qui, on admire le premier venu et on le noie sous des "j'adore ce que tu fais, continue comme ça". Difficile de s'y retrouver, de déceler le sincère du faux-cul.
Loin de moi l'idée de faire la morale, mais je reste persuadée que la critique est salutaire. Surtout dans une époque où tout le monde s'adore, où chacun est formidable. Il semblerait que la critique est de moins en moins bien perçue. Celui ou celle qui critique est jaloux, n'a rien à dire, est incapable, n'a aucun goût.
Je m'élève contre ça car ça fait du bien de ne pas lire que des textes complaisants. Malheureusement on ne trouve que rarement des analyses, des propos critiques, cinglants, cyniques dans la presse, à la télévision ou sur Internet.
Pourquoi n'aurait-on le droit de s'exprimer seulement si c'est pour faire des éloges et jeter des fleurs?
L'esprit critique est sain et salvateur. Il permet de déceler le bon du moyen ou du mauvais, de prendre du recul en somme.
Taxée de "lâche", de fille aigrie et sarcastique, je continuerai quand même de dire ce que je pense. Par exemple, je maintiens mon mépris vis-à-vis de ces gens au boulot qui me demandent le dernier album de Jeff Buckley (qui est mort depuis longtemps), ou alors le single "Hallelujah" parce qu'ils ont vu un apprenti chanteur le reprendre dans la Nouvelle Star. Ces gens qui n'en ont rien à foutre de savoir ce qu'est la folk, la pop ou le rock, qui n'en ont rien à foutre de savoir qui chante et ce que ça veut dire à partir du moment où ça leur fait une musique de fond pour leur cérémonie de mariage. Ces mêmes gens qui s'extasient pour un rien et passent à autre chose à la prochaine pub télé.
Ceux qui sortent du lot, qui s'en sortent tout simplement, sont ceux qui acceptent de s'être trompés, d'avoir foiré mais qui se battent pour faire mieux et progresser. Ceux qui ne lâchent pas leur objectif du regard. Qui cherchent et fouillent pour trouver de l'inédit, du sincère. Qui veulent faire kiffer les gens.
Quelques temps après le Festipop, il ya eu un événement qui a été reporté de sa date initiale, le "Dérivé Live". Présente sur cet évenement, je me suis entendue dire: "on a pensé que tu allais écrire un texte intitulé le "Reporté Live" où tu dégommerais l'organisation". Pourquoi j'aurais fait ça? J'apprécie les choses à leur juste valeur, et parfois je me tais car si je l'ouvre c'est comme un coup d'épée dans l'eau. Il y a des gens qui sont protégés par une légitimité obscure. Qui n'ont aucun talent mais à qui on léche les bottes jusqu'à l'épuisement. Bref.
Je ne suis pas prête de taire ce que je pense. Et mes coups de coeur et coups de gueule, je continue de les balancer sur ce blog. Car c'est mon blog, et j'en fais ce que je veux.
Aux armes etc.