mercredi 29 août 2007

L'école est collée

Photos de Maxime "Dino" Raimond - "Back to School"
L'école soulève en nous des souvenirs d'instits qui tiraient les oreilles, confisquaient nos billes et nos sachets de maïs grillé, donnaient de bonnes et de mauvaises notes. Mais l'école nous a aussi beaucoup appris, en tant qu'être humain et en tant qu'apprenant. Elle a plus ou moins fait grandir nos petits cerveaux de l'époque.
Aujourd'hui, c'est au tour de l'école d'avoir les oreilles qui sifflent.
Selon le Haut Conseil de l’Education, l’école primaire en France va mal et laisse s’échapper des élèves sans acquis solides. Après les immigrés, les sans-papiers, les chômeurs, les rmistes, les jeunes de banlieues, les mafieux corses, voilà que le gouvernement accuse l’école. Mais moi j’ai envie de dire : touche pas à ma school !
Car oui il y a une éducation à deux vitesses et des contextes sociaux très différents qui ont un impact sur la scolarité des enfants, mais l'école est-elle l'unique responsable?
Je crois que l'image de l'école change, car on a besoin d'un bouc émissaire pour justifier une société en crise, en proie au chômage et à la baisse du moral-pouvoir-d-achat (car il paraît que les deux vont ensemble). Alors pour remédier au problème on supprime des postes d'enseignants car comme ça on est sûr de pouvoir encadrer et accompagner au mieux les élèves en difficulté...
Hum. Y'a comme un paradoxe.
A l'époque quand j'avais 8-10 ans, j'avais écrit un poème sur l'école qui avait gagné un prix. Je vais réessayer aujourd'hui d'avoir à nouveau 8 ans.
L'école publique est fantastique
Avec ses récrés, ses préaux et ses ciseaux en plastique
J'aime entendre le bruit de la craie sur le tableau
Julie écrit un mot d'amour à Pierre qu'elle trouve beau
Mais elle aime aussi Paul car il lui offre des carambar
Du coup, elle n'écoute pas la maîtresse et ses histoires
Ce n'est pas grave car elle appelle ça un "problème"
Et nous à l'école, c'est pas un mot qu'on aime
Pourtant on n' a pas le choix
Et on doit calculer combien de pommes il faut pour casser 10 noix
Ca nous paraît absurde mais c'est un mot qu'on ne connaît pas encore
On l'apprendra plus tard ce mot, lors des cours de philo.
Franchement, je ne comprends pas pourquoi l'école est collée
Elle qui a toujours été une alliée.
Mais c'est peut-être pour ça qu'aujourd'hui elle est sur le billot:
Parce qu'on est gouverné par des collabos.

vendredi 24 août 2007

Back to life, back to reality

Anniversaire.
Il y a 24 ans je déboulais dans ce monde bizarre.
Fille.
Pendant tout ce temps j'ai cherché ma place.
Aujourd'hui je veux être en place!
Et pour fêter ça, un bon petit son: Soul II Soul - Back to life (how ever do you want me)

mercredi 22 août 2007

Nous revoilà à Sète...

...Pour écouter des « graffiti stories » et découvrir l’art modeste sous les bombes.
J’ vous raconte pas le vernissage. Au musée Paul Valéry, beaucoup de gens de plus de 40 ans, pimpants, en tailleur ou costard, mise en pli impeccable pour les mamies. C’est cocasse et ça dénote devant les toiles de graffiti. Le maire de Sète prononce son discours, Hervé di Rosa prend la parole et est applaudi par une hystérique à chaque fin de phrase. On entend au détour des conversations « ah mais il faut s’ouvrir hein ! ». C’est assez drôle d’entendre aujourd’hui qu’il faut s’ouvrir devant des toiles vieilles de plus de 20 ans. Un murmure circule dans la foule : « mais où sont les pizzas et le rosé ? » En réalité, le buffet nous attend au MIAM, ainsi que la deuxième partie de l’expo : « L’ Art Modeste sous les Bombes ». Sur le quai devant le musée, les gens se pressent pour entrer voir l’expo, pour en sortir plus vite pour déguster le fameux buffet. A peine réalisent-ils qu’il y a un groupe aux accents soul slam et hip hop acoustique qui joue sur scène, juste à côté d’eux, Tumi and The Volume. Si, quelqu’un a remarqué le groupe : c’est l’hystérique de tout à l’heure, qui danse comme une autruche en pleine crise d’épilepsie. A quoi elle carbure ? Je suis sûre que tous les matins elle se regarde dans son miroir de salle de bains et se répète : « le ridicule ne tue pas, le ridicule ne tue pas, le ridicule ne tue pas. » J’ai rien contre cette femme, c’est juste qu’elle est crispante.
La beauté de l’expo est incontestable. Je préfère laisser parler les tableaux.
Les artistes: Alexöne, Esmaeil Bahrani, Dzus, David Ellis, Maya Hayuk, Jonone, Mist, Nunca, Reach, Zonenkinder, Blade, Blast, Henry Chalfant, Crash, Daze, Dondi, Futura, Keith Haring, Jonone, Noc, Quik, Rammellzee, Seen, Sharp, Zephyr.
Big up aux Speerstra père et fils, ghetto visionnaires.
photos de Maxime "Dino" Raimond

jeudi 16 août 2007

Prêcheur

A bord du Théâtre de la Mer Abd al Malik nous fait son show Prêcheur embarqué, plutôt bien acompagné Laurent de Wilde au piano Et d'autres musiciens tout aussi talentueux. Mais le prêcheur est au centre et compte y rester Vêtu d'un sweat Nike, il cherche à ensorceler. Oui Abd al Malik fait sa plaidoirie et parle au nom des exclus, des "mal partis". La scène est quelque peu magique Avec la mer en arrière plan et la lumière de la lune Alors le prêcheur se sent pousser des ailes Et récitent ses textes qui claquent Et danse dos au public. Malgré son talent évident, il porte un masque Celui, trop lisse, de l'intello-poète sorti de la banlieue Qui est là pour parler au nom de ceux... Ceux qui "n'avaient pas un flow de dingue lorsque les tours jumelles se sont éteintes" Ceux que l'on écoute pas et qu'on ne calcule pas. Son dessein est noble, c'est certain. Mais Abd al Malik laisse le goût du trop parfait Et manque cruellement de spontanéité. Son live est calé note par note, pas à pas, et il y a peu de place pour le reste Pourtant, sans le reste, il ne resterait que le prêcheur Car ses musiciens et le public créent aussi l'alchimie. Et ça on croirait qu'il l'oublie. Lorsqu'à la fin du show, il crie "Sète je t'aime" Il soulève le public, venu en nombre, tous âges confondus Car Abd al Malik est de ceux qui sont entendus. Moi-même je me laisse prendre au jeu, Jusqu'au moment où cette déclaration me fait l'effet d'un larsen. Il fait le coup lors de tous ces lives, dans toutes les villes où il passe. Lorsqu'il quitte la scène, il n'est pas ému, il dit pourtant "aimer". Des mots encore des mots. A force de vouloir jouer avec les mots, le prêcheur a oublié les émotions qui les accompagnent. Ce soir-là, ses mots sonnent faux. "Á force de vouloir faire rue, on est devenu caniveau C’est pas que c’est inutile un caniveau C’est juste qu’on est devenu des "pas beaux" " Une rime facile pour lui, une fin facile pour moi.

mercredi 8 août 2007

à Barcelone

crédit photos: Maxime R. aka Dino
Logés juste derrière le marché de la Boqueria, le fameux marché couvert, on s'installe dans un appartement style "auberge espagnole" comme il y en a plein à Barcelone. Français, Allemands, Espagnols, Américain, Portugais. Colocataires pas prévues et pas invitées: les cucarrachas. Joli nom pour désigner les cafards.Entendre parler Espagnol est un régal pour mes oreilles. Je n’entends quasiment pas parler Catalan, c’est étonnant.
On se lève à pas d'heure, on flâne dans le quartier du Raval. On cherche les murs pleins de graffitis qui ont disparu, détruits par la municipalité. Quel gâchis.On mange à pas d'heure, à FrescCo la cantine buffet frais à volonté. On mange aussi des falafels, le soir après minuit. La boutique à falafels où l’on se rend deux soirs de suite passe à fond un mix de Spank Rock. Entendre Kano « I’m ready » nous donne furieusement envie de popper et danser le boogaloo.
On va visiter le MacBa, musée d'art contemporain de Barcelone. Là aussi on s'attend à trouver les skateurs habituels sur le parvis, venus du monde entier. Ils n'y sont que peu. Chassés par la municipalité eux aussi. On entre alors au musée, le thème de l'exposition: Le théâtre sans le théâtre. Cette expo nous glisse dessus, on n'est pas touché. On se moque de nous ? On préfère, même si ce n’est pas comparable, la galerie Iguapop et celle du Montana Shop.
Le soir nous retrouvons les Pakistanais, véritables autochtones, symboles de Barcelone. Sans eux, la fiesta barcelonaise n'est pas la même. Vendeurs ambulants et clandestins de bières, de samoussas, de parapluies, de roses, de cocas et d'eau aussi, sur la plage."Cerveza, Beer?" Quelque soit l’heure il y en aura toujours un au coin de la rue pour vous vendre une canette d’Estrella plus ou moins fraîche.On sort dans des bars, perdus au mileu du Raval, on écoute du rock trop aigu. On rentre et il fait quelques tags sur le chemin. Coulures. On sort au Moog le lendemain, on assiste au live déconcertant et décoiffant d'Alloy Mental. On rit. On saute, il fait chaud.
On croise beaucoup de Français, beaucoup de bouffons qui saoulent les Espagnols en leur parlant de meufs en Anglais ("big tits, big ass, she fell in love with me"), d'opérateurs téléphoniques ("you know SF IRE? Vodafone is bullshit"), de cliché ("you know cliché? Bordeaux, verrry good wine"). Ce pauvre espagnol à qui s'adresse ce bouffon se tourne vers nous et nous demande d'où nous sommes: el Sur de Francia. Il nous dit qu'il connaît Marseille et le Panier. Et là je me dis que l'autre bouffon qui lui parle de Paris et de Bordeaux, croyant que ce sont les seules choses qu'un étranger peut connaître de la France, passe pour le dernier des cons. La Plaza Real voit passer de sacrés « tourist » phénomènes, qui vont parfois jusqu’ à pisser dans la fontaine. Je crains que Barcelone ne devienne une ville poubelle, pour tous les fêtards d'Europe, qui viennent y vomir et y cracher sans complexe. Barcelone est si belle, si vivante, si cosmopolite, si aimable et accueillante. Si folle. On l'aime et on la remercie pour ce séjour. C’était bien cool.
Merci à Aïda aussi.

dimanche 5 août 2007

Et toi, quel wannabe es-tu ?

De nombreuses analyses sociologiques sur myspace et les blogs en tous genres ont déjà été faites. Mais quelqu’un s’est-il vraiment attardé sur le pourquoi du comment ? Probablement bien sûr ! J’ai quand même envie d’en faire ma propre analyse. Parce que je le vaux bien. Souvenez-vous. Si l’on s’attarde sur la culture « jeune », il y a dix ans, en 1997, les gens célèbres et les belles plantes n’existaient encore qu’à travers Star Club et Jeune et Jolie. En ce qui concerne la musique, n’étaient connus seuls ceux qui arrivaient à faire parler d’eux dans Radikal, Trax ou les Inrockuptibles pour ne citer qu’eux. Evidemment, la télé était reine en ce temps-là : pour être célèbre, il fallait être passé dans le petit écran. Bref, c’étaient les médias et eux seuls qui décidaient quelles têtes méritaient d’être connues ou pas. Arbitraire. Aujourd’hui, rien n’est plus pareil. Maintenant, les ringards, ce sont ceux qui passent à la télévision. Ce revirement de situation a été possible grâce à l’avènement d’Internet et des blogs. Pour devenir célèbre la recette n’a jamais été aussi simple. Désormais, n’importe quel quidam peut accéder au rang de superstar du net, blog du mois, myspace le plus visité, etc… S’il y a renommée, c’est qu’elle est méritée me direz-vous. On s’imagine facilement que quelqu’un de talentueux, qui a vraiment quelque chose à proposer verra sa page perso prise d’assaut. Non. Ce n’est pas comme cela que ça fonctionne. Petit guide : Comment fabrique-t-on du vent de nos jours ? C’est simple : 1 : On se crée sa page perso à coup de photos de soi stylées, voire osées, voire même pas de soi (ou alors on se photographie avec des lunettes de soleil plus un grand chapeau, ou on prend en photo son œil, sa bouche, son oreille…pour nous représenter). Mystérieux me direz-vous. Je dirai que ça cache quelque chose. Bref, on montre des images où l’on est beau, alors qu’en vrai on ressemble à Scritch dans Sauvés par le Gong ou à Lisa dans Le Destin de Lisa. 2 : Une fois que notre image biaisée nous convient, on passe aux goûts musicaux. Qu’est-ce qui est tendance en ce moment ? Tout ce que vous trouverez de branché fera l’affaire. Même si on prétend être à fond sur Joy Division mais qu’on n’a jamais écouté un seul album en entier, sur Internet ça passe. Donc on cherche des musiques cool qui nous feront passer pour quelqu’un de cool, et on continue d’écouter Chimène Badi ou Tribal King en scred, sans que personne ne le sache. 3 : Les hobbies à présent. Le top du top c’est d’être DJ. Comprenez-là, avoir des platines dans sa chambre et s’amuser à imaginer des playlists et des mixes mille fois écoulés. Ce n’est pas grave, personne ne s’en rend compte de suite. Le deuxième hobbie à la mode, c’est d’être chanteuse pour une fille. Il y en a plein pour qui c’est le début de la gloire. Comme pour Lily Allen ou Yelle, on ne tarde pas à découvrir toute une artillerie marketing à côté. C’est ainsi que l’on est signé par une maison de disques sans avoir envoyé de maquettes à personne auparavant. Seul le nombre de visites sur sa page est la cause de la signature. Le monde à l’envers. Un des hobbies favoris reste la photographie. Une personne qui n’est pas du tout photographe à la base, telle que cette biologiste qui a exposé ses photos de botanique sur flickr et s’est vue devenir une photographe célèbre qui vend ses travaux à des prix indécents. La faute à qui ? Aux groupies hommes et femmes qui se sont fait duper. Mais le plus courant, cela reste les personnes qui n’ont pas de hobbies mais veulent faire croire qu’elles ont une vie trépidante : « Hier je suis allé à la plage avec mon doudou lol mdr. » « Ce soir je vais manger des œufs au plat en regardant la télé sur mon canapé IKEA. » « J’aime les sushis » « Vivement Noël que j’ai plein de cadeaux. » « T’étais trop mignonne hier soir » Voilà le genre de phrases que l’on peut lire sur la plupart des blogs. Qu’y a-t-il de renversant là-dedans ? Personnellement, je ne vois pas. 4 : Ceux qui s’habillent en fluo estiment également détenir la médaille d’or du cool. Donc on crée des visuels flashy, on s’achète des vêtements de ski des années 80 et là on est sûr d’avoir un max de visite sur sa page. Certains même, en écrivant quelques chroniques musicales (ils n’ont pas inventé la poudre), arrivent à faire parler d’eux dans des journaux respectables tels que Télérama ou Libération. C’est quand même fort Internet. 5 : Vient le moment de garder les amis virtuels que l’on a réussi à se faire grâce à notre stratégie. Et pour ça, il suffit de les bombarder de messages super-sympas-kikoo-bisous. La popularité ça s’entretient. Ces cinq points sont les commandements des wannabe de notre époque. On a tous soif de célébrité mais on a surtout soif d’être celui ou celle qu’on ne sera jamais, celui ou celle qui est tout le temps beau même après avoir vomi, qui est toujours au courant de tout et qui est toujours sollicité et invité partout. Les wannabe sont ceux qui désirent être quelqu’un qu’ils n’auraient pas pu être sans Internet. Le fondateur de Myspace se rend-il compte qu’il a révolutionné la vie de monsieur-tout-le-monde ? Ce concept n’existe d’ailleurs plus car chacun estime être hors du commun. Faisons le tri dans tout ça. Il ne restera plus grand monde. Les artistes, ceux qui étaient là avant ou qui ont vraiment du talent et qui innovent resteront. Mais les autres ? Des confettis de wannabe en quête d'identité. Comme l’a dit MC Solaar : « Le vent souffle en Arizona » (mais pas que là-bas Claude !) Une wannabe-gagnante-au-loto
W:
Wannabe (Adjectif) : Se dit d'une personne qui se donne un style, un air, un comportement spécial

Exemple: la go la fait trop la maline, elle est trop wannabe - (d'après nouchi.com)

A LIRE: Nous sommes jeunes, nous sommes fiers de B. Sabatier