A bord du Théâtre de la Mer
Abd al Malik nous fait son show
Prêcheur embarqué, plutôt bien acompagné
Laurent de Wilde au piano
Et d'autres musiciens tout aussi talentueux.
Mais le prêcheur est au centre et compte y rester
Vêtu d'un sweat Nike, il cherche à ensorceler.
Oui Abd al Malik fait sa plaidoirie et parle au nom des exclus, des "mal partis".
La scène est quelque peu magique
Avec la mer en arrière plan et la lumière de la lune
Alors le prêcheur se sent pousser des ailes
Et récitent ses textes qui claquent
Et danse dos au public.
Malgré son talent évident, il porte un masque
Celui, trop lisse, de l'intello-poète sorti de la banlieue
Qui est là pour parler au nom de ceux...
Ceux qui "n'avaient pas un flow de dingue lorsque les tours jumelles se sont éteintes"
Ceux que l'on écoute pas et qu'on ne calcule pas.
Son dessein est noble, c'est certain.
Mais Abd al Malik laisse le goût du trop parfait
Et manque cruellement de spontanéité.
Son live est calé note par note, pas à pas, et il y a peu de place pour le reste
Pourtant, sans le reste, il ne resterait que le prêcheur
Car ses musiciens et le public créent aussi l'alchimie.
Et ça on croirait qu'il l'oublie.
Lorsqu'à la fin du show, il crie "Sète je t'aime"
Il soulève le public, venu en nombre, tous âges confondus
Car Abd al Malik est de ceux qui sont entendus.
Moi-même je me laisse prendre au jeu,
Jusqu'au moment où cette déclaration me fait l'effet d'un larsen.
Il fait le coup lors de tous ces lives, dans toutes les villes où il passe.
Lorsqu'il quitte la scène, il n'est pas ému, il dit pourtant "aimer".
Des mots encore des mots.
A force de vouloir jouer avec les mots, le prêcheur a oublié les émotions qui les accompagnent.
Ce soir-là, ses mots sonnent faux.
"Á force de vouloir faire rue, on est devenu caniveau
C’est pas que c’est inutile un caniveau
C’est juste qu’on est devenu des "pas beaux" "
Une rime facile pour lui, une fin facile pour moi.
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